L'historique des ASL

De la formalisation d’une démarche au changement des pratiques

Les actions de proximité "alphabétisation de quartier"portées par des associations et des Centres Sociaux se sont développées tout au long des trente dernières années avec le soutien de financements publics. Des actions de coordination territoriale ont été mises en place dans les années 90 par le CLAP – Comité de Liaison pour l’Alphabétisation et la Promotion - et ont contribué aux processus de professionnalisation des acteurs et de maillage territorial indispensable à la mise en cohérence des interventions. Malgré ces efforts et la volonté affichée des responsables associatifs d’oeuvrer pour l’autonomisation des publics migrants en général et des femmes en particulier, beaucoup de personnes inscrites dans ces actions y restaient pendant longtemps sans acquérir les compétences nécessaires, en particulier en compétence orale, pour interagir dans les espaces sociaux et administratifs indispensables à la vie en France.

Entre 2004 et 2009, une formation-action régionale a été conçue par le CLP et soutenue par l’ACSE Ile-de-France.
Les deux premières années ont été consacrées à la formalisation d’une ingénierie permettant de mettre en place des ateliers dans une logique de projet – personnel pour les participants , associatif pour la structure porteuse d’ASL, territorial pour les dynamiques partenariales indispensables à la réussite et à la visibilité des participants. Tous les acteurs du système ont été invités à interroger leurs pratiques et leurs manières de nommer actions et publics concernés. Ceux-ci sont accueillis comme des habitants des espaces territoriaux concernés, des parents d’élèves, des consommateurs, des citoyens – français ou étrangers. Un vrai changement de regard par rapport aux logiques installées habituées à catégoriser les personnes en fonction de leur absence/ présence de scolarisation dans le pays d’origine. Deux éléments caractérisent la démarche ASL :


1. L’objet des apprentissages devient la connaissance et l’appropriation des espaces sociaux, la langue se transforme en moyen facilitant les interactions, l’apprenant est acteur – observateur de ses environnements. L’immersion devient source systématique d’apprentissage.

2. L’interculturalité s’inscrit dans une démarche systémique où l’ici-maintenant partagé par des populations plurielles, relie et rassemble dans des dynamiques d’appartenance et de diversité ancrées et projetées dans un avenir commun, cadrée par les principes de la République française.


La deuxième phase (2006-2007) a permis aux acteurs franciliens les plus investis de formaliser des partenariats et d’appliquer véritablement la nouvelle démarche. Là ou les conseils d’administration ont soutenu des coordonnateurs / référents, les projets ont évolué et les équipes de formateursanimateurs ont pu tenter des expériences créatives, innovantes, interactives. Les effets majeurs de ces changements impactaient les regards portés par les publics eux-mêmes qui ne demandaient plus à « lire-écrire » pour « lire-écrire » mais pour un objet social précis dans le cadre de leur vie sociale.
Ces évolutions progressives ont été consolidées par la reconnaissance institutionnelle – fiche 7 du CII du 24 avril 2006, note d’orientation régionale de l’ACSE IDF en février 2007, reconnaissant la spécificité de la démarche ASL.

La dernière étape (2008-2015) est celle de la diffusion et de la communication à travers les acteurs associatifs devenus experts et diffuseurs à leur tour sur chaque territoire. Temps de formalisation d’ateliers spécifiques, appuyés sur de véritables partenariats, construits, organisés et récurrents. L’ingénierie langagière a pu être identifiée, structurée et appliquée au sein des cadrages construits entre 2004 et 2007 : que veut dire faire de l’oral ou faire de l’écrit en ASL ? Ces questions ont vraiment pu être abordées parce que la méthodologie – de projet et territorial – avait été intégrée par les équipes associatives investies.

La cohérence de discours portés par les intervenants techniques du CLP et les porteurs institutionnels de l’ACSE, les premiers auprès du monde associatif, les seconds auprès des décideurs territoriaux – CUCS, Villes, Communautés d’agglomération ou de communes – a largement facilité l’appropriation et la mise en pratique d’une démarche de mobilité facilitant le désenclavement des acteurs et des publics dont ils s’occupent, en particulier dans des territoires excentrés.

 

Jusqu'en 2009, cette formation-action conçue par Mariela de Ferrari a été animée par Blandine Forzy, Mounia Nguyen, Evelyne Bastille et Marie Laparade.

A partir de fin 2009, à la fermeture du CLP, le RADyA a repris la formation-action et développé ses actions auprès du réseau, notamment sur le territoire national et par le biais du site www.aslweb.fr